Veillée d'armes entre pression et dépressions L'interview de Jean-Luc Nélias

A moins de 48 heures du départ, Jean-Luc Nélias et Thomas Coville ont passé un long moment ensemble à analyser les fichiers météo. Dimanche, au moment du départ, le fidèle routeur-navigateur sera déjà derrière son ordinateur pour assister notre skipper. Le fidèle routeur-navigateur nous livre son analyse des conditions de cette 11ème édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe.

A quoi va-t-elle ressembler cette Route du Rhum ?

« Pour le moment c’est rapide, et qui dit rapide dit du vent fort. La première nuit c’est encore un peu compliqué parce qu’on ne sait pas encore comment les systèmes météo vont s’installer. Les différents modèles divergent un peu, mais on sait que ça reste du vent fort avec des systèmes dépressionnaires, un ou deux passages de fronts. La route des alizées est pour le moment barrée donc ça va être une édition de la Route du Rhum musclée ! »

La météo n’est pas toujours une science exacte :

« La grosse incertitude, elle est dans la première nuit. Ils vont aller très très vite. Normalement ils vont sortir de la Manche assez rapidement et juste à la sortie de la Manche, il y a une dépression, une petite dépression secondaire. Selon les modèles, le centre est placé très différemment et change complètement la physionomie de la première nuit de mer… en tout cas ça sera sans doute un peu difficile. Après, le vent reste soutenu jusqu’aux Açores. Ca va être une Route du Rhum difficile pour les Ultimes et pour tous les concurrents. »

Ce qui attend Thomas Coville et ses concurrents ?

« Il y a des virements de bord, des empannages, des changements de voile, prendre des ris, larguer des ris… Les deux dernières éditions de la Route du Rhum ont été ventées au départ mais avec une trajectoire qui allait très vite vers les alizées donc il y avait 48 ou 60 heures un peu difficiles puis après ça déroulait dans l’alizée. Là ça ne va pas être le cas.
Sur les routages ce matin (vendredi 2 novembre) c’est à peu près une mer de 7 mètres, donc ça commence à être de la grosse mer, du mauvais temps qui va arriver au bout de 48-50 heures de course. Le vent moyen pour aller jusqu’aux Antilles, c’est 21 nœuds donc c’est vraiment des conditions élevées de vent moyen. »

Vers un match ouvert

« La dernière fois qu’on a fait la Transat Jacques Vabre il y avait beaucoup de mer pour quitter le Havre avec une mer très difficile et Gitana allait très vite. Il peut mettre entre 6 et 7 jours.
Dans de bonnes conditions, les autres bateaux vont parfois 20 à 25% plus vite que Sodebo Ultim. Après c’est une course, il faut prendre le départ, réussir à le prendre, réussir à finir, il y a toutes les spécificités de la course au large : la stratégie, la casse, la tactique, la fatigue, la fortune de mer, le coup de chance, le poisson volant salvateur, l’alouette grise… et tout cela peut donner un classement inattendu à l’arrivée.
S’ils sont serrés, il peut encore se passer des choses entre la tête à l’anglais, sur la descente. On a déjà vu ça sur d’autres Route du Rhum, il y a des places qui se sont jouées sur des fins de parcours ! »

Sodebo, la liberté a du bon !