Le départ de la 15e édition de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre a été donné dimanche à 13h27 dans des conditions idéales pour les Ultim et Sodebo Ultim 3, qui ont pu dévaler la Manche à bonne vitesse, avant d’être fortement ralenti à la pointe de la Bretagne.
Une vingtaine de nœuds de nord-ouest, une mer légèrement formée, de beaux rayons de soleil, le départ de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, dimanche à 13h27 au pied du cap de la Hève, au large du Havre, a donné lieu à un beau spectacle auquel la flotte des cinq Ultim engagés a largement contribué. Lancés bâbord amure (vent venant de la gauche) à près d’une trentaine de nœuds, les grands trimarans n’auront mis qu’un peu plus d’une demi-heure pour atteindre la bouée d’Etretat, située à 14 milles de la ligne de départ, franchie en quatrième position par Sodebo Ultim 3, un ris dans la grand-voile et J2 à l’avant.
Thomas Coville et Thomas Rouxel ont alors fait un petit bord au nord avant de virer et de prendre la direction, à 25-30 nœuds de vitesse, de la pointe du Cotentin, franchie, après deux virements de bord, à 18h30. Il était alors temps de viser la pointe de la Bretagne, atteinte environ sept heures plus tard, vers 1h30 du matin. C’est à ce moment que la situation météo s’est considérablement compliquée : la combinaison d’un vent tombé sous les 5 nœuds et d’un fort courant contraire a littéralement arrêté la flotte qui, en cinq heures, n’a pas avancé du tout, contrainte de « tricoter » autour de l’archipel d’Ouessant pour, au moins, ne pas reculer, en attendant que le vent ne daigne se lever.
« C’était une situation qui était prévue, commente Thierry Douillard, qui compose la cellule de routage avec Philippe Legros. Il y a un front chaud à passer dans lequel les Ultim sont les premiers à être tombés dans la nuit. Comme les autres, Thomas et Thomas ont buté dessus et ont été refoulés dans le Fromveur (le passage entre Ouessant et de Molène). Avec aussi peu de vent et un courant qui peut atteindre 5 nœuds, on perd le contrôle du bateau qui n’est plus manœuvrant. » Ce qui explique les trajectoires que l’on constate depuis quelques heures.
L’enjeu de la journée de lundi ? « Les conditions vont rester complexes, parce que le front n’avance pas vite, répond Thierry Douillard. L’objectif pour Thomas et Thomas est actuellement de tenter d’exploiter la moindre risée pour mettre l’étrave dans le bon sens, trouver la porte de sortie et progresser vers le sud-ouest. » Autant dire que dans ces conditions, les deux marins n’ont pour l’instant pas dormi, contraints de changer de voiles d’avant pour s’adapter à la baisse progressive du vent et de surveiller un plan d’eau dans lequel est en train de buter une bonne partie de la flotte de la Transat Jacques Vabre.
Le mot du bord de Thomas Rouxel : « Il est 1h45 du matin, nous sommes proches de l’entrée du Fromveur. Nous avons bien vécu ce départ, ça avait l’air très joli, même si, personnellement, je n’ai pas vu grand-chose parce que je n’ai quasiment pas arrêté de tourner les manivelles du départ jusqu’à la pointe du Cotentin. J’ai barré un peu au près dans la baie de Seine, c’était très agréable, la mer était assez plate et il y avait un vent de 15-20 nœuds. C’est top d’avoir de la régate au contact, ça permet de voir les petits et les mauvais coups qu’on fait, pourvu que ça dure ! Le programme des 24 heures ? Beaucoup de molle ! »