Pour gérer un bateau tel que Sodebo Ultim 3 sur une Transat Jacques Vabre, il y a notre duo en mer, mais aussi une « cellule routage » à terre. Trois hommes se relaient jour et nuit pour analyser la météo et conseiller nos deux Thomas sur la meilleure route et les meilleurs réglages.
Dans une catégorie comme celle des trimarans Ultim, qui nécessitent un important engagement physique de la part des marins, l’organisation de course autorise le routage, c’est-à-dire une assistance extérieure pour la stratégie.
Philippe Legros, Thierry Douillard et Will Oxley ont posé leurs valises et leurs ordinateurs dans une maison de Larmor Plage, à l’écart de la base du team à Lorient, où ils travaillent, mangent et dorment. Philippe, le responsable de la cellule, est membre du team Sodebo depuis 2019. Comme Thierry, il enregistre de nombreuses heures de navigation sur Sodebo Ultim 3. Ils en connaissent les performances, les réactions, les points forts et les points faibles… Presque aussi bien que le skipper ! Will, le troisième « colocataire », australien, est océanographe. Il vient compléter cette équipe d’experts et la faire bénéficier de son expérience de coureur au large, notamment sur l’Ocean Race. Le large des côtes brésiliennes et les Antilles sont des zones de navigation historiquement foulées par les étapes de cette grande course en équipage.
Depuis le coup d’envoi de la Transat Jacques Vabre, au même titre que Thomas Coville et Thomas Rouxel en mer, les hommes de la cellule se relaient jour et nuit pour répondre aux questions du bord : « on fait un système de quart de façon à ce qu’il y ait toujours quelqu’un derrière l’ordinateur » explique Philippe Legros.
Discussions, comparaisons aux statistiques, modélisations de diérents scénarios, analyse de la concurrence… « Au sein de la cellule routage, il y a deux gros temps forts dans la journée, le matin à partir de 6h et le soir à partir de 19h, quand les fichiers issus des nouveaux runs de modèles [ndlr : météo] arrivent. Là, toute la cellule est mobilisée ». Les routeurs font alors des propositions de routes et de réglages qu’ils jugent les plus optimaux, et c’est à nos marins de juger de leur pertinence sur la zone de navigation. Les conseils évoluent donc au fil des heures : conditions réelles, conditions physiques… C’est ensuite aux marins d’ajuster la théorie à la pratique !
Une route modélisée qui proposerait de très nombreuses manœuvres oublierait de prendre en compte l’eort que celles-ci demandent. Les avaries, telle que celle que connaît Sodebo Ultim 3 sur son foil, entravent ses performances : on ne peut plus se référer aux calculs habituels… D’un bord à l’autre dans le pot-au-noir, que les Ultims croisent deux fois sur cette Transat Jacques Vabre, on peut filer sous un grain et être stoppé net en quelques minutes seulement. Philippe, Thierry et Will reçoivent alors des photos du bord qu’ils regardent avec moins de poésie que nous, voyant en chaque nuage une opportunité ou un obstacle…
Les exemples ne manquent pas, la cellule routage est donc un des meilleurs endroits pour prendre des cours d’agilité !