« Dans un groupe, il faut des visionnaires comme Thomas qui disent des trucs azimutés. Il faut aussi des gens pour mettre tout ça en musique. Des gens qui ont les pieds sur terre. J’ai sans doute le défaut de ne pas être assez rêveur » révèle celui qui sera en novembre le + 1 du skipper de Sodebo Ultim’ pendant la prochaine Transat Jacques Vabre.
Un projet aussi stimulant que valorisant
Voilà déjà quatre ans que Jean-Luc Nélias a rejoint Thomas Coville et son équipe de Sodeboys. Et il ne s’en lasse pas.
« C’est long quatre ans ! Nous n’avons pas l’habitude de vivre ça en tant que marin. Travailler sur un bateau qui est le porte-drapeau d’une société, c’est doublement un challenge. Et c’est tellement motivant de bosser en équipe » explique Jean-Luc avant de poursuivre : « Ce projet est vivifiant comme beaucoup de projets au moment où ils arrivent. Celui-ci est dans la durée. Ces gros bateaux sont sympas à naviguer, les équipes sont conséquentes et nous avons des moyens pour faire de la recherche et des études»
Le marin navigateur, performeur, routeur et barreur apprécie «de bosser avec Thomas parce que c’est quelqu’un qui a ses fragilités. Il n’est pas plein de certitudes, ce qui laisse de l’espace à ses collaborateurs pour l’épauler. Il n’est pas un animal à sang froid, ni un calculateur qui ne laisse de la place à personne. Quand Thomas est fort, c’est intéressant. Quand il est faible, tu vas essayer de l’aider car tu apportes quelque chose. Le solo, Thomas ne peut pas le faire tout seul. Il a autour de lui des ingénieurs, des préparateurs, une équipe et dans tout ce monde-là … il y a ma pomme. »
De la subtilité dans la relation
« Quand tu vas en bateau, tu dois aller plus loin dans la relation professionnelle. Avec Thomas, nous avions des affinités d’éducation et de valeurs même avant de nous retrouver sur Groupama 4 en 2010/2011. »
Thomas et Jean-Luc sont liés par un engagement moral, une espèce de pacte qui repose sur la confiance, une confiance mutuelle inébranlable qui les a propulsés il y a moins d’un an jusqu’au graal des marins, le record absolu du tour du monde à la voile en solitaire, puis sur l’Atlantique en juillet.
Leur duo fonctionne sur la discussion. Pas d’engueulade de couple, trop trivial mais des discussions ça oui.
« Un jeu de pouvoir subtil » reconnaît celui qui a été skipper d’un projet ambitieux dans les années 2000 (Belgacom– trimaran de la classe ORMA)
« Aujourd’hui Thomas, c’est mon patron » poursuit Jean-Luc « mais de temps en temps, j’ai un comportement de dominant, et parfois, il va me laisser cette domination pour avancer.
Oui, Thomas me laisse prendre plein de décisions. Je ne suis pas toujours cornaqué. Je bénéficie de beaucoup d’autonomie et j’essaie de ne pas en abuser pour rester dans le cadre du groupe. C’est subtil oui et c’est sans doute pour cela que ça marche ! »
Découvrez l’interview croisée :