Sodebo Ultim 3 en mode train fantôme, dans la tempête au milieu de l'océan Indien ! Arkea Ultim Challenge Brest

Cette nuit, Thomas Coville – 2ème de l’Arkea Ultim Challenge Brest naviguait au milieu de l’Océan Indien et se trouvait au cœur d’une tempête. Les conditions météo sont impressionnantes au passage de ce front auxquelles se sont ajoutés les restes de la tempête Belal qui était sur la Réunion il y a quelques jours : du vent fort à plus de 30 nœuds, une mer forte et dangereuse. Le skipper de Sodebo Ultim 3 décrypte en direct ce moment qu’il vit en pleine nuit.

Thomas Coville : « Il y a 34, 36 nœuds de vent. Je suis dans mon siège de veille. Dans ma main gauche, j’ai le traveller de grand-voile (écoute du chariot de grand-voile) qui est l’accélérateur ou le moyen de réagir et réguler en cas de survente. Dans ma main droite, j’ai la télécommande du pilote automatique, comme si j’étais avec un petit bateau. Mais non, c’est un grand bateau, je pilote le trimaran Sodebo de nuit. J’ai allumé mes feux de pont ce qui me permet de voir ma voile d’avant : la petite trinquette qui fait quand même 100m². Les vagues de côté viennent tambouriner la coque. On est depuis 3 jours à l’arrière d’un front assez actif. Au début, avec la cellule routage on pensait pouvoir le rattraper et le dépasser, comme si vous réussissez à aller plus vite que le temps qu’il fait mais nous n’y sommes pas arrivés. Et là, il est en train de se mélanger avec une ancienne dépression tropicale qui était sur l’île de la Réunion il n’y a pas longtemps. Là, je monte le son pour que vous entendiez le bateau qui accélère ! A la fois les rafales de vent qui rentrent et les vagues qui prennent le nez du bateau et l’embarquent, c’est impressionnant. On joue avec de gros phénomènes qui peuvent devenir dangereux et auxquels on essaie d’échapper. On est un peu sur la limite. J’ai mis le casque sur les oreilles et ça me coupe un peu des bruits. Je suis plus sur les mouvements, les tambourinements et les vibrations, ce sont des petits détails qui m’aident à régler le bateau. Je ne suis pas très toilé avec 2 ris dans la grand-voile, et c’est largement assez. Il y avait la lune que j’ai aperçu mais dans ce front, c’est très nuageux et très opaque, il a beaucoup plu. C’est la première fois que je vois le ciel se dégager car on est en train de s’extirper de cette situation. J’avance en pleine nuit dans le noir, il n’y a rien. Quentin Delapierre (ndlr – qui a navigué plusieurs fois à bord de Sodebo Ultim 3) appelait ça « le train fantôme ». J’adore cette expression ! Il n’y a pas de vie retour (rires). A 35 nœuds dans la nuit il faut imaginer le bateau qui se cabre, qui accélère et qui enfourne dans les vagues qui se projettent sur le cockpit. C’est très humide et ça ruisselle de partout ! ça redémarre fort et je préfère quand c’est un peu plus moins calme… Bonne nuit et bonne journée. »

Sodebo, la liberté a du bon !