Grâce à une route au nord après le passage dimanche de l’archipel brésilien de Sao Pedro et Sao Paulo, Sodebo Ultim 3 est revenu dans le match pour la quatrième place, ce lundi au classement de 14h. Une belle récompense pour Thomas Coville et Thomas Rouxel qui ont redoublé d’efforts pour combler le retard accumulé suite à leur escale technique à Madère.
La belle remontada ! Passé dans l’hémisphère sud le 17 novembre avec 550 milles de retard sur Actual Ultim 3, Sodebo Ultim 3 est parvenu, cinq jours plus tard, à reprendre la quatrième place de la flotte des cinq Ultim engagés sur la Transat Jacques Vabre.
La nuit de la remontada « apocalyptique » racontée par Thomas Rouxel : à écouter
L’explication est double : depuis leur escale technique à Madère dans la nuit du 11 au 12 novembre suite à une collision ayant endommagé le foil tribord, Thomas Coville et Thomas Rouxel n’ont jamais baissé les bras, travaillant d’arrache-pied pour tenter de rattraper leur handicap : « Même si nous avions beaucoup de retard et que nous n’espérions pas grand-chose, nous restons des compétiteurs et motivés, donc nous sommes revenus mille après mille sur Actual », a confirmé Thomas Rouxel lundi en début d’après-midi.
L’autre explication tient à la météo : au passage des îles de Sao Pedro et Sao Paulo dimanche en fin de matinée, ils ont entrevu une opportunité de revenir encore davantage sur leurs concurrents. « Ce n’est pas un coup de poker, poursuit Thomas Rouxel. Les routages nous faisaient faire une route au nord, différente de celle de nos adversaires (qui ont tous mis le cap au sud-ouest). L’idée était de traverser le Pot-au-noir assez tôt, dans un endroit où il y avait du vent, pour aller jouer avec les alizés au nord de ce Pot-au-noir, dans du vent un peu plus fort. »
Décision a donc été prise de faire route au nord et de se lancer dans une traversée de Pot-au-noir certes rapide, mais particulièrement musclée, avec une nuit dantesque sous un énorme grain, racontée par Thomas Rouxel : « En fin de journée (hier), un grain s’est construit autour de nous, on l’a vu se former sur les images satellites. Ce n’était pas un grain de pluie comme on en voit chez nous, mais quelque chose qui devait faire 300 milles, 600 km de long, plus grand que la Bretagne ! On s’est retrouvés au milieu des éclairs dans la nuit noire avec des rafales à 30 nœuds, c’était l’apocalypse ! On ne s’attendait pas du tout à ça, on a passé toute la nuit sans lâcher la barre. On a fait une nuit blanche tous les deux, on s’est juste accordé chacun 50 minutes de sieste depuis le lever du jour parce que c’est un peu plus calme. Le niveau de stress était proportionnel au gain acquis. »
L’effort a effectivement été payant : en 24 heures, Sodebo Ultim 3 a repris plus de 150 milles à Actual Ultim 3 avant de reprendre la quatrième place, à la satisfaction de ses deux skippers. « Forcément, après cette nuit, on est un peu usés, il va falloir récupérer, mais mentalement, ça va ! On a toujours été très motivés, on l’est d’autant plus en voyant notre retard diminuer d’heure en heure. Même si la route est encore longue jusqu’à Fort-de-France, on est à bloc ! »
Et il va falloir le rester d’ici l’arrivée en Martinique, a priori prévue dans la nuit de jeudi à vendredi, parce que la situation météo s’annonce assez compliquée. « Les conditions vont être à l’image de cette transat, très inhabituelles, avec des alizés moribonds jusqu’à la fin, aucune grande trajectoire simple, beaucoup de manœuvres et d’empannages », confirme Philippe Legros, le responsable de la cellule routage de Sodebo Ultim 3.