Après les empannages, la dépression ? Cap sur Bonne Espérance

La journée de jeudi a été animée à bord de Sodebo Ultim 3 avec une succession d’empannages dans un couloir de vent de nord-ouest au large du Brésil. L’objectif de Thomas Coville et de ses sept équipiers, qui comptent vendredi matin 140 milles d’avance sur le tableau de marche d’Idec Sport, est de se placer à l’avant d’une dépression qui devrait les emmener jusqu’au Cap de Bonne-Espérance puis aux Kerguelen. 

La concentration était de mise jeudi pour l’équipage de Sodebo Ultim 3, conscient de vivre ce que Thomas Coville appelait « un moment un peu crucial » du tour du monde. L’enjeu était de réussir la transition entre les alizés de sud-est de l’Atlantique Sud et les mers du Sud, donc d’être au rendez-vous ce vendredi d’une dépression salvatrice à même d’emmener Sodebo Ultim 3 à vive allure vers l’Afrique du Sud et l’Océan Indien. Il a fallu enchaîner une dizaine d’empannages pour descendre en escalier dans un couloir de vent d’environ 300 milles de large, d’où une grosse dépense physique à bord.

« Ça va s’accélérer très fort à partir de vendredi soir, a expliqué jeudi Thomas Coville, lors du live hebdomadaire du jeudi à 18h30. On devrait être un peu en avance sur Idec Sport à Bonne-Espérance, qu’on pourrait franchir en 11 jours et 10 heures, et à peu près dans les mêmes temps que lui aux Kerguelen. Les 24-48 heures qui arrivent vont être décisives pour savoir si on peut véritablement accrocher cette fenêtre »

Autant dire que pour saisir cette opportunité d’attaquer les 40e à pleine vitesse, il faut beaucoup de concentration à la barre, spécialité de quelques marins à bord, dont François Morvan. Qui explique, à propos de la spécificité de barrer un trimaran volant : « Par rapport à un bateau archimédien, le fait que le foil vienne stabiliser l’assiette du bateau rajoute un paramètre au panel des sensations dont on a besoin pour barrer. »

Le Morbihannais de 37 ans, s’il a déjà bouclé un tour du monde (avec Spindrift 2 sur le Jules Verne), s’apprête à découvrir la navigation volante dans les 40e. « Je n’ai pas d’appréhension, mais il faut quand même être prudent car on s’engage dans un endroit relativement hostile. Maintenant, une partie de l’équipage connaît bien ces mers, Thomas a quasiment passé la moitié de sa vie là-bas, on est bien entourés. »

Sur ce Jules Verne, François Morvan navigue pour la première fois au large avec son complice des « années cata », Matthieu Vandame, dont il dit : « C’est un roc, je ne l’ai jamais vu faiblir. Peu importe l’adversité, il est égal à lui-même. Ensemble, on a fait pas mal de petit cata, on a arrêté en 2011 en se lançant dans des projets séparés avec pas mal de réussite l’un et l’autre, puis nous avons refait un Tour de France ensemble en 2015 et on s’est de nouveau retrouvés l’année dernière sur SailGP et en Easy To Fly (catamarans volants dans les deux cas). C’est toujours un plaisir de naviguer avec lui, on a appris plein de choses chacun de notre côté, c’est très agréable de réunir ces compétences apprises ailleurs sur ce Jules Verne. » Et ça marche, puisque Sodebo Ultim 3 est toujours en avance sur le tableau de marche d’Idec Sport…

Sodebo, la liberté a du bon !